La relecture
Par Joseph Thomas, sj
« Ce qui fait l’homme, c’est la reprise permanente des expériences qu’il a vécues… La relecture est toujours prospective, dans une dynamique tournée vers l’avenir. On ne parviendra à progresser qu’autant qu’on aura tiré les leçons des expériences antérieures. Seule l’expérience est formatrice, mais seulement l’expérience relue, reprise…
On vit en avant, on comprend en arrière.
Les événements qui ont été vécus ne sont rien par eux-mêmes. Seul compte la manière dont nous les faisons nôtres en leur donnant un sens.
L’homme qui ne revient pas sur ce qu’il a vécu reste à la surface de lui-même. Il n’y a pas d’expérience dans la pure facticité de l’évènement. La relecture est un passage au langage et rien n’est réellement humain qui n’accède au langage. C’est quand on peut se dire à soi-même ce que l’on a vécu que l’expérience est réellement intériorisée. Alors elle est formatrice.
Il convient donc de prendre le temps de cette relecture. Il y faut un arrêt, comme un espace sabbatique. Il y faut des temps de recul pour « me remettre en mémoire les bienfaits reçus ». Autrement les choses semblent aller de soi, y compris l’existence. La relecture est la condition de l’émerveillement.
Prendre conscience de ce que nous avons vécu, prendre le temps de nous le redire à nous-mêmes est la condition nécessaire pour que l’homme se forme à travers les expériences de la vie. »